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"Là où les putains n'existent pas" - Un film d'Ovidie

"On oublie vite que l'on est un être humain quand on est stigmatisée" Eva-Marree, alias Jasmine Petite

 

Quand des agresseurs conjugaux se servent de la stigmatisation du sexe dans l'interdit social, et des enfants, pour punir, détruire leur conjointe, "la petite salope qui les a quitté" - avec la complicité directe ou indirecte de l'état.

 

En aparté 

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Je me souviens d'un ex qui les avait contactés, les services sociaux, lorsque je m'étais enfuis avec mes enfants, alors âgés de 4 et 9 ans. Il avait joint au courrier un compte rendu de tribunal où il était fait mention d'un inceste (subit) me concernant. C'était le compte rendu pour l'affaire d'inceste concernant ma petite soeur pour laquelle je m'étais alors portée partie civile. J'avais 21 ou 22 ans. Il me concernait aussi, mais il y a eu prescription. Toujours est-il que dans le rapport il y avait le compte rendu des experts relatifs aux interrogatoires des 3 filles de la famille, mes deux soeurs et moi, ainsi que de nos parents et de mon frère aîné, qui disait que j'étais complice de ses abus sexuels. Dans le courrier mon ex disait que je n'étais de ait pas capable de m'occuper de mes enfants, car psychologiquement malade, et que pour leur bonne santé il fallait qu'il en ait la garde. La raison était la même que pour Eva-Marrée : punir. La manière aussi : en utilisant la stigmatisation.

 

Ce n'est pas pour autant qu'une enquête a été menée sur cet homme dangereux, ni aucune mesure de protection, malgré maintes plaintes pour de multiples violences et menaces (de mort, de viols, d'actes de torture, dégradations matérielles, avec des preuves matérielles : courriers, balle de pistolet, dessin de tombe avec mon nom, détérioration de mon ancien appartement.et destruction de tous mes papiers administratifs..substitution de tous mes objets personnels et photos des enfants.., plaintes classées toutes sans suite "faute de preuves" qui n'ont jamais été cherchées. Quant au courrier, il est resté dans les locaux du service social. (On ne sait jamais ?).

 

Un mois plus tard, une campagne de publicité pour prostitution a circulé dans le village où je m'étais réfugiée. Une campagne en mode "corbeau", par l'intermédiaire d'affiches envoyées par la poste à tout le village, commerçants, services et lieux publics, puis particuliers, avec mon identité, une photo de moi nue, des tarifs et des prestations sexuelles. Je l'ai appris quand la police est venue me chercher à mon domicile pour m'emmener au poste de police, car le maire croyait que c'était vrai. Rien de plus ensuite, sinon que mon avocat m'avait confié que je ne pouvais pas porter plainte nominément car cet ex n'avait pas signé les affiches, et qu'un policier m'a dit que "cela pouvait tout à fait être moi qui avait organisé cette campagne pour me venger de mon ex". Faut le vivre pour le croire tellement c'est dingue.

 

Concernant la volonté de stigmatisation de l'inceste, s'ajoute une autre dimension interdite, qui nous condamne. Cet ex était marié, j'étais sa "maîtresse". Il n'est déjà pas simple lorsque l'on porte plainte de se justifier de ne pas être partie tout de suite quand un conjoint nous maltraite, comme si c'était facile... Alors quand le conjoint est par ailleurs marié et père de famille...

 

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Quand je regarde ce reportage, je ne peux pas m’empêcher de penser : Et si je m'étais prostituée, m'aurait-on enlevé mes enfants ? Mais aussi : Et si un jour les personnes victimes d'inceste qui refusent d'entrer dans les conceptions psychiatriques des "victimes de trauma", de s'y vautrer en écoutant la parole de prophètes sauveurs, libérateurs, dans la bonne conduite, et qui n'entrent pas dans les schémas normatifs socio-culturels-sexuels ou s'en éloignent, étaient autant stigmatisées que les personnes qui pratiquent la prostitution ? Est-ce qu'on leur retirera leurs enfants si elles ne sont pas sages ? En tout cas, je peux dire que d'en parler fait que l'on nous attend aussi souvent au tournant de manière insidieuse, culpabilisante, et surtout pour contrôler notre sexualité et notre conformité aux attentes sociales et éducatives confinées dans des schémas familiaux ancestraux qui maintiennent des processus de domination.

 

Je me joins à Ovidie, à Eva-Marree/Jasmine Petite, à toutes les femmes stigmatisées pour dire que la stigmatisation nuit aux femmes.

Je me joins à cette femme qui dit, si cela finissait par m'arriver comme c'est arrivé à d'autres, que si c'est lui qui me tue, c'est l'état qui lui aura donné les moyens de le faire. C'est comme si on il lui avait donné l'autorisation de me tuer.

A l'instar d'Eva-Marree qui dit "Pour la première fois, je rencontrais quelqu'un qui ne cherchait pas à me sauver, qui n'était pas choqué, qui pouvait entendre que je m'étais prostituée, elle comprenait que je n'étais pas dans un schémas d'autodestruction", j'ai envie de dire pour les victimes d'inceste, c'est à dire de systèmes d'oppression et d'actes contraints, parce que c'est cela et seulement cela être victime, que nous devrions pouvoir parler de notre sexualité quelques soient les conditions dans lesquelles nous l'avons vécue, sans avoir peur de choquer. De pouvoir la discerner des systèmes d'oppression et d'actes contraints, pour nous permettre de nous l'approprier, plutôt que de d'exclure cette parole de fait, du fait d'un interdit, de la traiter comme une parole aliénée qui ne doit pas être entendue.

Notre sexualité nous appartient et si l'on doit faire face à la stigmatisation, elle appartient à ceux et celles qui la produisent.

 

Ici, il est question d'Eva-Marree/Jasmine Petite et de sa famille, de la stigmatisation des femmes qui se prostituent, et du "Royaume bienfaiteur Suédois", qui prend leurs enfants en otage et  condamnent leurs mères. Parfois à la mort.

Le film est visible jusqu'au 07 avril 2018.

 

https://www.arte.tv/fr/videos/071485-000-A/la-ou-les-putains-n-existent-pas/

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