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18 février 2018 7 18 /02 /février /2018 02:06

Lundi je reprends le travail si tout va bien. J'essaie de me "détendre", entre deux coups de stress. Je suis en arrêt depuis mercredi matin, à cause du stress. Quelques jours pour reprendre des forces. Ma direction m'attends au virage parce que j'ai parlé.

Comme toujours, quand on parle, la grosse mécanique du pouvoir des dominants se met En Marche. Elle nous retourne le cerveau (du moins, elle fait tout pour). Elle y va de ses confrontations, de ses pressions, avec tout un système qui en assure la pérennité.

Quand on met un grain de sable dans une machine qui roule, une grosse machine qui en écrase beaucoup, et avec laquelle beaucoup d'autres font, il faut comprendre, (ou s'y attendre)) qu'il n'y a pas assez de grains sables pour faire tomber cette montagne qui nous écrase. Lutter, garder sa raison intacte, c'est se préparer à être jugée de mauvaise foi. C'est se préparer à être disqualifiée trois fois. Une fois dans les faits, une fois dans sa raison - la non repentance est signe de déraison - une fois dans son intelligence - confondue avec la mesquinerie. Tandis qu'admettre être fragile psychologiquement, trop émotionnelle, pas assez professionnelle, pas assez raisonnée, serait un gage d’honnêteté. Croire en l'intelligence supérieure de ceux qui ont le pouvoir de nous laminer et ne se gênent pas pour le faire est un gage de bonne foi. Ce serait toujours ça, et c'est ce qui fait tenir la montagne.

Telle est la loi du travail. Telle est la loi de tout système de domination. Les dominants le savent.

Hier soir, j'ai regardé Festen. Voyez la première partie, jusqu'à la 41ème minute, déjà. Rien que là on comprend ce qui se passe. Puis, voyez la suite. .

J'y revois exactement la manière dont on nous fait taire dans toutes les organisations (familiales, matrimoniales, professionnelles), la manière dont la pression nous pousse (out tente de nous pousser) à accepter de nous disqualifier nous même.

Jusque là, j'avais capté ce mécanisme identique qui nous fait taire et admettre les violences professionnelles et conjugales. Maintenant, je vois le même mécanisme dans les violences familiales, sexuelles. C'est saisissant.

Il y a ce moment où l'on vous fout la pression. Il y a ces moments où tout le monde sait mais fait comme si il ne s'était rien passé. Il y a ces moments où l'on vous fait comprendre que vous êtes folle (ou vous faites un "transfert" = mot magique ! D'autant plus si l'on connait des éléments de votre passé ou de votre vie, et que vous avez des moment difficiles, quelque ils soient). Moi, le "transfert", j'appelle ça une intuition comparative. Puis, quand on a bien analysé les choses, j'appelle ça une analyse comparative. Il y a aussi ces moments où on vous dit que vous "interprétez" = mot magique 2, ces moments où on vous fout dehors, ces moments où tout le monde ou presque est d'accord sur votre profonde maladie mentale... tous ces moments où l'on vous demande de vous taire, et si ce n'est pas le cas, où l'on tente par tous les moyens de vous faire disparaître. Alors qu'on a simplement besoin d'être entendu.e.s, cru.e.s. Que notre raison soit libérée de tout ces discours, pressions, attitudes, qui tentent de la réduire à une condition d'animal.e.

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12 février 2018 1 12 /02 /février /2018 11:13

Il est temps de prendre suffisamment d assurance et de refuser la violence professionnelle au même titre que la violence conjugale et la violence sexiste. Dans un cas comme dans les autres, ce n est pas parce que "dans l ensemble", un comportement n est pas violent et qu il a même des moments agréables que les passages violents sont justifiables. Ce n est pas parce que la violence, les pressions, les remarques gratuites, arbitraires sont des faits "passagers", qu il faut les minimiser et les accepter. 

Violences conjugales, violences sexistes, violences professionnelles

Associer ces deux domaines : violence conjugale et violence professionnelle n est pas ce qui nous vient á l esprit tant l on dissocie le domaine privé du domaine professionnel. Pourtant, on se rend bien compte que la violence dans le domaine privé n est pas si privée que ça ! Elle est d abord une question d éducation et de longue date. Une éducation á la psychologisation des questions sociales et de pouvoir, une éducation á la minimisation, relativisation de la violence, une éducation á son acceptation.Comment ne pas de ce fait l accepter des années ? Ce qui ensuite nous est reproché et ce qui en ajoute á la minimisation des faits de violences !! Ne rien dire constituerait une preuve de la relativité des faits et parler, alerter, serait un crime plus que les faits de violence !! Eh bien non. Le fait de la non violence en général ne justifie pas la violence de temps en temps, et certainement pas qu on l accepte et la laisse s installer comme des faits minimes sur lesquels il n'y aurait pas lieu de s'arrêter. Il faut sonner l'alerte.

 

Sonner l'alerte, une expérience 

Qu'apprend-on lorsque nous décidons d'alerter d'une situation de harcèlement moral dans le travail ?

On apprend d'abord qu'il y a certaines représentations sur ce qu'est le harcèlement. Par exemple, la semaine dernière, une personne de la commission bientraitance me contacte suite à ce que je peux définir comme ma pré-alerte. Après énumération d'un certain nombre de faits, situationnels, organisationnels, managériaux, et de remarques gratuites, d'accusations gratuites, etc... elle me propose de requalifier les propos en "maltraitance professionnelle", avec comme "argument" que le harcèlement moral "c'est quelqu'un qui est toujours sur votre dos".

On apprend ensuite que le temps, l'étalement des faits, pressions etc n'est pas compris comme ce qui fait qu'au final, il s'agit de harcèlement moral.

On apprend que prononcer le mot est davantage un crime que le fait.

On apprend que si on le prononce, c'est la panique, d'autant plus lorsqu'il concerne un membre du personnel auquel on est subordonné.

On apprend qu'on le sait, et qu'il va falloir se défendre de l'alerte donnée alors même que l'on tente de stopper les attitudes et faits qui ont constitués l'alerte , mais aussi que comme dans les violences conjugales et autres violences, on se verra "psychologisée", parce qu'on est une femme. Car il y a beaucoup moins de "chance" que l'on dise à un homme qu'il "interprète", ni que l'on minimise les faits, bref qu'on le réduise au silence. Tous les faits criminels et délictueux lorsqu’ils sont commis SUR des hommes paraissent plus crédibles et font l'objet d'une inquiétude immédiate lorsqu'ils en parlent, tandis que les mêmes commis SUR des femmes sont l'objet du doute.

Bref, on apprend tous les mécanismes qui nous font taire, ce qui par la suite, lorsque l'on parle, nous est reproché, et constitue par la même occasion un nouveau moyen de minimiser les faits.

Pourtant, si les commissions bientraitance ont vue le jour, c'est parce que dans la plus grande majorité des cas de violence institutionnelle, les personnes n'ont souvent pas conscience de leur violence, parfois, parce qu'elles mêmes sont prises dans des situations et organisations qui les produisent et contre lesquelles elles estiment n'avoir aucun pouvoir. De ce fait elles se taisent et normalisent la violence dans leurs pratiques, et intègrent les mêmes discours qui les autorisent, tout en étant, en tant que personnel plus ou moins subalterne, contrôlées dans leurs pratiques, ou invitées à être bientraitantes. 


Enfin, on apprend que dans sa plus grande majorité, nous sommes éduqué.é.s de cette manière, et que la plus grande majorité se rangera dans cet ordre mécanique, du côté d'une oppression qui serait acceptable, car minimisée, et que si l'on alerte on devient coupable, et/ou plus ou moins folle, paranoïaque, caractérielle, hystérique, trop émotive.. Et pour peu que l'on ai déjà vécu des faits de violence dans le domaine privé, on ferait "un transfert". On parvient à nous le faire croire, à nous faire douter de nous-même,à nous faire douter de notre raison, et comparer des faits de violence du domaine privé et du domaine professionnel reviendrait non pas à comparer des faits éducatifs et des mécanismes mais à associer privé et professionnel, posé comme "transfert". Pour peu que l 'on ajoute à cela, dans nos propos, une dimension féministe, cela deviendrait en plus une interprétation idéologique, un règlement de compte avec les hommes.

La force de la libération de la parole


Mais si demain toutes les violences morales subies dans le travail sont énoncées par toutes celles qui les vivent, si il y a comme pour ce qui concerne le sexisme, le harcèlement sexuel, les atteintes au corps dans les rues et les transports, une déferlante d'énonciation de faits, qu'ils soient verbaux ou écrits, peut-être que l'on va nous entendre ? En tout cas il ne sera plus possible de nier que la violence morale est un fait et même un fléau. Alors peut-être qu'il deviendra avec cette prise de conscience moins normal de le commettre ou d'y participer, ni de participer à son étouffement. Et peut-être que cette prise de conscience même sera préventive.

 

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31 janvier 2018 3 31 /01 /janvier /2018 22:38

"On oublie vite que l'on est un être humain quand on est stigmatisée" Eva-Marree, alias Jasmine Petite

 

Quand des agresseurs conjugaux se servent de la stigmatisation du sexe dans l'interdit social, et des enfants, pour punir, détruire leur conjointe, "la petite salope qui les a quitté" - avec la complicité directe ou indirecte de l'état.

 

En aparté 

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Je me souviens d'un ex qui les avait contactés, les services sociaux, lorsque je m'étais enfuis avec mes enfants, alors âgés de 4 et 9 ans. Il avait joint au courrier un compte rendu de tribunal où il était fait mention d'un inceste (subit) me concernant. C'était le compte rendu pour l'affaire d'inceste concernant ma petite soeur pour laquelle je m'étais alors portée partie civile. J'avais 21 ou 22 ans. Il me concernait aussi, mais il y a eu prescription. Toujours est-il que dans le rapport il y avait le compte rendu des experts relatifs aux interrogatoires des 3 filles de la famille, mes deux soeurs et moi, ainsi que de nos parents et de mon frère aîné, qui disait que j'étais complice de ses abus sexuels. Dans le courrier mon ex disait que je n'étais de ait pas capable de m'occuper de mes enfants, car psychologiquement malade, et que pour leur bonne santé il fallait qu'il en ait la garde. La raison était la même que pour Eva-Marrée : punir. La manière aussi : en utilisant la stigmatisation.

 

Ce n'est pas pour autant qu'une enquête a été menée sur cet homme dangereux, ni aucune mesure de protection, malgré maintes plaintes pour de multiples violences et menaces (de mort, de viols, d'actes de torture, dégradations matérielles, avec des preuves matérielles : courriers, balle de pistolet, dessin de tombe avec mon nom, détérioration de mon ancien appartement.et destruction de tous mes papiers administratifs..substitution de tous mes objets personnels et photos des enfants.., plaintes classées toutes sans suite "faute de preuves" qui n'ont jamais été cherchées. Quant au courrier, il est resté dans les locaux du service social. (On ne sait jamais ?).

 

Un mois plus tard, une campagne de publicité pour prostitution a circulé dans le village où je m'étais réfugiée. Une campagne en mode "corbeau", par l'intermédiaire d'affiches envoyées par la poste à tout le village, commerçants, services et lieux publics, puis particuliers, avec mon identité, une photo de moi nue, des tarifs et des prestations sexuelles. Je l'ai appris quand la police est venue me chercher à mon domicile pour m'emmener au poste de police, car le maire croyait que c'était vrai. Rien de plus ensuite, sinon que mon avocat m'avait confié que je ne pouvais pas porter plainte nominément car cet ex n'avait pas signé les affiches, et qu'un policier m'a dit que "cela pouvait tout à fait être moi qui avait organisé cette campagne pour me venger de mon ex". Faut le vivre pour le croire tellement c'est dingue.

 

Concernant la volonté de stigmatisation de l'inceste, s'ajoute une autre dimension interdite, qui nous condamne. Cet ex était marié, j'étais sa "maîtresse". Il n'est déjà pas simple lorsque l'on porte plainte de se justifier de ne pas être partie tout de suite quand un conjoint nous maltraite, comme si c'était facile... Alors quand le conjoint est par ailleurs marié et père de famille...

 

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Quand je regarde ce reportage, je ne peux pas m’empêcher de penser : Et si je m'étais prostituée, m'aurait-on enlevé mes enfants ? Mais aussi : Et si un jour les personnes victimes d'inceste qui refusent d'entrer dans les conceptions psychiatriques des "victimes de trauma", de s'y vautrer en écoutant la parole de prophètes sauveurs, libérateurs, dans la bonne conduite, et qui n'entrent pas dans les schémas normatifs socio-culturels-sexuels ou s'en éloignent, étaient autant stigmatisées que les personnes qui pratiquent la prostitution ? Est-ce qu'on leur retirera leurs enfants si elles ne sont pas sages ? En tout cas, je peux dire que d'en parler fait que l'on nous attend aussi souvent au tournant de manière insidieuse, culpabilisante, et surtout pour contrôler notre sexualité et notre conformité aux attentes sociales et éducatives confinées dans des schémas familiaux ancestraux qui maintiennent des processus de domination.

 

Je me joins à Ovidie, à Eva-Marree/Jasmine Petite, à toutes les femmes stigmatisées pour dire que la stigmatisation nuit aux femmes.

Je me joins à cette femme qui dit, si cela finissait par m'arriver comme c'est arrivé à d'autres, que si c'est lui qui me tue, c'est l'état qui lui aura donné les moyens de le faire. C'est comme si on il lui avait donné l'autorisation de me tuer.

A l'instar d'Eva-Marree qui dit "Pour la première fois, je rencontrais quelqu'un qui ne cherchait pas à me sauver, qui n'était pas choqué, qui pouvait entendre que je m'étais prostituée, elle comprenait que je n'étais pas dans un schémas d'autodestruction", j'ai envie de dire pour les victimes d'inceste, c'est à dire de systèmes d'oppression et d'actes contraints, parce que c'est cela et seulement cela être victime, que nous devrions pouvoir parler de notre sexualité quelques soient les conditions dans lesquelles nous l'avons vécue, sans avoir peur de choquer. De pouvoir la discerner des systèmes d'oppression et d'actes contraints, pour nous permettre de nous l'approprier, plutôt que de d'exclure cette parole de fait, du fait d'un interdit, de la traiter comme une parole aliénée qui ne doit pas être entendue.

Notre sexualité nous appartient et si l'on doit faire face à la stigmatisation, elle appartient à ceux et celles qui la produisent.

 

Ici, il est question d'Eva-Marree/Jasmine Petite et de sa famille, de la stigmatisation des femmes qui se prostituent, et du "Royaume bienfaiteur Suédois", qui prend leurs enfants en otage et  condamnent leurs mères. Parfois à la mort.

Le film est visible jusqu'au 07 avril 2018.

 

https://www.arte.tv/fr/videos/071485-000-A/la-ou-les-putains-n-existent-pas/

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31 janvier 2018 3 31 /01 /janvier /2018 20:07

Un article passionnant sur les trajectoires scolaires des filles et des garçons, dans la société du XIXème siècle (mais le 20ième en a été la continuité, pour les classes ouvrières, au moins jusque dans les années 80), avec une priorité accordée à la carrière scolaire des garçons, et celle, pratique, des filles, mais aussi une explication plus large des choix parentaux, et une très intéressante investigation sur la transmission transversale des savoirs au sein des fratries, entre frères et sœurs, des frères aux sœurs, des frères comme modèles, aux sœurs  (ou j'ai envie d'ajouter à défaut par l'intermédiaire de "pères", admirés pour leur savoir et pour l'action, pour la dynamique dans laquelle ils évoluent, comme si tous les individus privilégiés sur ce terrain, de sexe masculin, représentait pour les filles quelque chose "du père", de sa liberté, ce souffle qui leur manque)  

http://journals.openedition.org/genrehistoire/2845

 

 

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28 janvier 2018 7 28 /01 /janvier /2018 10:42

ELLE. Avez-vous entendu parler de ce film ou l'avez-vous vu ? Qu'en avez-vous pensé ?

J'ai été assez "choquée", non pas par le film, mais par certaines critiques que j'ai pu lire, qui ont été jusqu'à dénigrer la comédienne Isabelle Huppert pour avoir accepté de jouer le rôle.

Alors, hier soir, j'ai regardé le film, et voilà ce que j'ai vu :

 

C'est donc l'histoire d'une femme qui enfant, à 10 ans, a été découverte avec son père, alors qu'il venait de commettre un crime et que d'autres crimes ont été découverts. Son père était un sérial killer. On comprend cela non pas au début du film, mais un peu plus tard dans celui-ci.


ELLE devient femme, et entrepreneuse dans les jeux vidéos. C'est une femme de pouvoir, mais qui n'est pas odieuse. ELLE sait dire non, ELLE sait dire oui, ELLE n'a pas sa langue dans sa poche, ne se laisse pas faire, ou se laisse faire, selon son bon vouloir.


ELLE subit un premier viol à son domicile. ELLE se défend de toutes ses forces, puis lorsque le violeur s'échappe, ELLE réagit froidement. ELLE se relève, prend un bain, ramasse la vaisselle cassée... consulte un médecin pour une prise de sang... et continue à vivre.


ELLE est prudente, mais dépasse à sa manière la violence qu'elle vient de subir.. Quelques temps plus tard, ELLE subit un second viol, tout aussi violent, toujours à son domicile (Bien qu'elle avait fait changer toutes ses serrures). Même réaction. 


ELLE l'annonce un soir à ses amis qui la regarde, ébahis par son sang froid.
ELLE ne veut pas entendre parler de la police, de plainte, etc.... D'autant plus que 'affaire de son père est à nouveau dans le fil de l'actualité (pour une histoire de remise de peine, car il est vieux et malade). ELLE ne veut pas revivre ce qu'elle a vécu enfant. ELLE s'est forgée une manière d'être, de vivre les choses. ELLE n'a pas envie non plus de repasser à la télé. ELLE est déjà régulièrement agressée dans sa vie du fait du stigmate du père assassin.


ELLE ne veut pas se laisser déstabiliser par la peur. ELLE a appris à vivre avec l'agression, et à faire en sorte que celle-ci ne l'atteigne plus, ne l’empêche plus de vivre. 


ELLE subit un troisième viol. ELLE ne se laisse toujours pas faire, mais en luttant découvre le visage de son agresseur, qui est un voisin (marié avec une femme très belle, et catholique pratiquante) par qui ELLE était attirée et qu'elle a "dragué" lors d'une soirée (entre voisins). Dans sa lutte, ELLE lui plante un ciseau dans la main et parvient à le faire fuir.


Le film continue, sur la vie quotidienne de cette femme. Cette femme qui vit, et qui n'investit pas le rôle attendu par la société.  Victime de faits, sans investissement d'un rôle. Je ne veux pas dire que c'est toujours le cas, que des victimes de faits ne souffrent pas parfois de manière extrême et sur du long terme, mais seulement qu'il y a cette dimension injonctionnelle de rôle souffrant qui devrait nécessairement nous empêcher de continuer à vivre. 


Un peu plus tard ELLE est invitée chez ce voisin à venir manger des lasagnes avec son fils. ELLE semble mettre de côté le fait que ce voisin l'ait violée plusieurs fois. ELLE ne cède pas à la terreur, au stigmate, ELLE voit aussi son voisin comme un homme, et un homme qui l'attire, en dehors du violeur. ELLE sait qu'elle prend un risque, mais lui donne une chance. ELLE donne un chance à l'homme. ELLE y va, et alors que son fils s'endort il lui propose de descendre à la cave pour lui montrer son système de chauffage (car elle lui fait remarquer en enlevant ses chaussures et en buvant un cognac dans le salon que le sol est chaud). Il la saisit et va la violer mais ELLE le regarde et lui dit que ce n'est pas nécessaire. ELLE pense qu'il ne la violera pas, mais il lui répond qu'il ne peut pas autrement. (C'est comme si le viol lui permettait d'échapper à la culpabilité de l'adultère, tout en répondant à son désir). Alors elle se laisse battre, et « prendre » violemment. Et ELLE jouit. C'est une sorte de «demi jeu » sado masochiste où se mêlent le désir et le risque pour ELLE, mais aussi pour lui.. 


Un peu plus tard, la mère de ELLE (je ne sais plus comment elle se prénome... ni même si on le sait dans le film... étrange !) décède, mais lui demande juste avant de mourir d'aller voir son père en prison. ELLE ira. Pour « lui cracher au visage » dit-elle. Mais juste après avoir appris que sa fille venait le voir, son père se pend (du moins, cela est supposé, il est retrouvé mort dans sa cellule, se serait pendu avec un drap).

C'est peut-être un élément déclencheur d'un changement de « perspective » pour ELLE. Mais ce n'est qu'une supposition personnelle.

Un peu plus tard, ELLE a un accident de voiture, et tente de contacter deux personnes mais tombe sur leur répondeur. Alors elle appelle l'agresseur, qui est aussi son voisin, un voisin dont ELLE n'a toujours pas peur (ELLE dit "avoir l'habitude avec les fous" à un moment donné dans le film. Et puis, pour rappel, elle voit son voisin d'abord comme un homme, avec son autre visage, qu'elle apprécie). Il vient la chercher, la dégage de la voiture, et la ramène chez elle. Il la soigne. Il est alors très doux. Comme apaisé.. ELLE lui demande « pourquoi ». « Pourquoi » son comportement. Elle lui demande si c'était bon ? Il ne répond pas.

A la fin du film, ELLE avoue à l'une de ses collègues qu'ELLE avait une liaison avec son mari depuis quelques mois mais que c'est finit (sa collègue et amie lui avait dit se douter qu''il avait une liaison). Elle dit qu'elle a finit de mentir. Qu'ELLE ne veut plus mentir.

Lors de la même soirée, ELLE se fait raccompagner par l'homme qui l'a agressée plusieurs fois. En route, ELLE lui dit que c'est un « jeu malsain" (ELLE discerne), et que c'est terminé. ELLE lui demande s'il se rend compte de ce qu'il lui a fait subir, et lui dit qu'ELLE va tout dire à la police, pour ELLE, mais aussi peut-être pour d'autres. Combien d'autres ? Lui demande-t-ELLE ?
Arrivé chez elle, ELLE entre et refuse toujours de se laisser déstabiliser par la peur. mais il la suit et se jette sur ELLE. Il est toujours masqué. Elle se défend, il la bat  ...Son fils (ELLE a un fils d'une vingtaine d'année) arrive et le frappe à la tête. S'en est finit.

 

Conclusion :

 

Ce film qui a été décrié par certaines féministes comme honteux, faisant l' « apologie du viol » et/ou promouvant la « culture » du viol, ou encore le banalisant, n'a à mon sens rien à voir avec ce pourquoi il a été accusé. Isabelle Huppert est excellente dans un rôle très dur, qui montre, d'après moi, l'impact de la violence dans l'enfance, mais aussi la transformation que cela peut avoir dans nos manières d'être et nos manières de réagir face à la violence. Transformation qui n'est pas forcément pathologique. ELLE n'est pas "pathologique". ELLE n'entre juste  pas dans le moule du rôle de la victime attendue par la société.  Ce film montre aussi, je crois, ou l'on peut le voir comme cela, ce que dénouent certaines pertes qui sont liées à nos histoires, et l'impact de ce que je crois être de l'ordre de la répression sur la sexualité,et sur ses normes,  qui peuvent la rendre criminelle. Ce film montre la complexité et la pluralité des situations et comportements. Il montre également une femme d'action, qui peut exprimer son désir dans l'action, où la raison a toute sa place au sein de la "cité". Ce qui lui donne la possibilité de vivre plus sereinement sa sexualité.
Du côté des spectateurs/trices, les différentes opinions qu'on a pu lire montrent les attentes divergentes que l'on peut avoir du cinéma, et que ces attentes déclenchent des réactions qui à mon avis parfois s'y arrêtent un peu trop.
Pour ceux et celles qui ont vu le chef d'oeuvre "scènes de la vie conjugale" de Bergman, est-ce qu'un jour on va le trouver scandaleux et pitoyable, en disant qu'il banalise la violence conjugale ?

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27 janvier 2018 6 27 /01 /janvier /2018 13:15

Je n en veux pas au féminisme. Loin de là. Je suis pro féminisme. Mais parfois ça m énerve parce que je sais pas comment vivre, moi, avec tout ce que je peux lire sur les rapports de genres. Difficile parfois de prendre du recul entre ce qu on comprend et ce qu on vit. Difficile de se laisser vivre, de composer avec tout ça, de choisir ce qu on prend et ce qu on laisse dans sa propre vie. De prendre du recul face à ses propres contradictions. 

Je crois qu'il est possible de sortir d'un schéma du désir d'action de soi, prit dans celui des hommes, dans la mesure où l'on prend conscience de la manière dont on fonctionne. Ou plutôt de l'interrogation de notre manière de fonctionner. En cela, les discours féministes sont une ressource à partir de laquelle on peut s'interroger. 

Peut-être faut-il pouvoir aussi se déculpabiliser de ses contradictions. Etre moins dure avec soi-même... pour pouvoir s'autoriser des pratiques de soi, pour pouvoir s'autoriser tout simplement à vivre, à essayer dans cet imbroglio de volonté d'émancipation individuelles et collectives, et de nécessité de vivre ensembles, à essayer de se frayer un chemin qui ne nuise ni à soi, dans sa vie, ni au progrès en faveur de l'égalité des sexes. 

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27 janvier 2018 6 27 /01 /janvier /2018 12:39

Il serait intéressant de se demander pourquoi, au delà de conclusions hâtives d'une sorte de "symptôme d'invulnérabilité" que l'on attribue aux femmes qui ne veulent pas se dire victimes, pourquoi nous en arrivons là. De la victime que nous serions, nous en sommes arrosées chaque jour un peu matin midi et soir, et quoi que nous disions, dans tous les domaines, si nous ne marchons pas dans le prétendu bon sens, c'est à dire, si nous ne soumettons pas aux hiérarchies qui nous dominent, si nous nous rebiffons alors que nous avons dit avoir été victime de quelque chose, notre parole est délégitimisée du fait même d'avoir été victime de quelque chose. C'est particulièrement le cas lorsque l'on a été victime, de fait, d'agression sexuelle ou/et de viol. Etre une victime est devenu un moyen de nous tenir et de nous faire taire en nous ôtant toute légitimité, et surtout de nous contrôler. Le fusil change d'épaule, mais il est toujours chargé.

Se rebiffer contre quoi ? Contre les récupérations. Les victimes de faits, du moins certaines, en ont assez de passer d'une main à l'autre. C'est ainsi que pour ma part, je me suis dégagée longtemps de l'idée même d'avoir été victime. Ce que certaines d'entre nous veulent, c'est nous constituer en tant que sujets libres, autant que possible, et non pas en tant que "bons sujets", modelées et contrôlées par l'idée qu'une société peut se faire de ce que serait un "bon sujet". Cela ne fait pas que nous n'ayions pas été victimes, mais c'est dire que certaines discours qui s'introduisent dans notre société, qui nous manipulent, se servent de nous, sont devenus insupportables. C'est comme si nous étions passées d'une condition d'esclaves à une condition de colonialisées. 

La tribune des 100 femmes a eu cette force de la non-injonction. Les déclarations plus ou moins foireuses des signataires n'engageaient qu'elles-mêmes. C'était une forme de "manifeste" contre-injonctionel. Il y avait une sorte de revendication mélangée à des dénonciations assez floues, certaines mal venues, d'autres discutables, et une proposition quant à la manière de se défendre de l'oppression que représentent le viol et les agressions sexuelles dans une société dominée par les hommes. On peut reprocher beaucoup de choses à cette tribune mais pas l'injonction. 

Pour revenir à la victime, il y a deux choses à différencier. Etre victime est d'abord un fait, et je ne le conteste pas. J'ajouterai toutefois que c'est un fait qui est relatif à des repères que l'on peut avoir. Ces faits, lorsqu'ils ne sont pas reconnus par la justice malgré une plainte,quand il y a prescription par exemple, ou par absence de moyens, d'investigations, de preuves, de coupable.s, de légitimité, et que par dessus le marché on présente les victimes dans les discours sociaux et psy comme des personnes incapables, en jugeant ce qui relèverait du comportement d'une victime dans l'espace de nos vies privées, sociales, sexuelles, etc... en jugeant que tel ou tel choix est mauvais, bref, quand on essentialise ce que serait une victime à partir de conduites qui seraient immorales ou incompatibles avec notre société, il ne faut pas s'étonner que l'on finisse par choisir une posture de non victime, y compris quand dans des faits nous l'avons été. En fait, jusqu'à présent, le terme de victime concernant les femmes a été davantage détenu par des pouvoirs qui en ont fait ce qu'ils voulaient que par les victimes de faits. 

Ensuite donc, il me semble qu'il y a à différencier la victime de fait.s et le rôle de victime. Ce que la société attend d'une victime... de sa posture... Et c'est du point de vue du rôle qu'il y a des injonctions à démontrer une souffrance qui s'ajoute à ce qu'a à endurer déjà une victime d'agression sexuelle ou/et de viol. Comme si cela nous rendrait une humanité perdue. 

Alors, je suis d'un côté bien "contente" que les choses semblent changer du point de vue de la justice, qu'il semble il y avoir une véritable écoute et volonté politique solidaire des femmes qui disent l'oppression. C'est un moyen de sortir de cette attente sociale, réelle et subjective, d'une démonstration de la souffrance qui s'ajoute à celle qui existe. Si par ailleurs il y a un travail sur l'égalité des droits et des chances qui nous permet ou permettra à nos filles de constituer leur désir, de le mettre en action de façon non subalterne des hommes, un travail d'accessibilité, un travail sur la "déconstruction" des stéréotypes de genre, et sur une meilleure justice sociale, ce serait parfait. Mais d'un autre côté, sachant les dégâts que les mensonges politiques peuvent causer, et ce que peut faire la politique de nos paroles, je ne peux m’empêcher de rester méfiante. 

 

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23 janvier 2018 2 23 /01 /janvier /2018 23:07

Comment trouver un équilibre, donc, entre les discours et les pratiques de soi ?

On peut se trouver totalement en désaccord avec ce que l'on défend. Je ne vois pas comment il est possible de vivre sereinement quand on part du principe premier de ne pas être dominée pour pouvoir agir, quand on est une femme, car  la domination masculine est partout. Et elle se croise avec des dominations économiques, qui créent des injustices sociales, qui produisent maintes frustrations qui produisent encore plus de rapports de pouvoir. 

Dans la sexualité, c'est pire. Mais c'est aussi par là que peut-être il est possible de commencer à se ressaisir de soi. Parce les rapports de sexe sont partout aussi. Pour ma part, avec mon parcours qui s'ajoute à tout cela, le problème qui se pose aujourd'hui est que je ne vois pas comment vivre une sexualité en tant que femme sans être en contradiction avec le souhait de ne plus être dans des rapports de domination. 

D'une part, parce qu'en voulant cela, on peut soi-même vouloir tout maîtriser. Et ça ne peut pas marcher. Partant de cette impression que les hommes veulent de toute façon dominer, impression qui peut progressivement s'imposer à soi, on peut se retrouver à chaque début de relations à vouloir tout maîtriser.  D'autre part, parce que structurellement on peut paradoxalement aimer les rapports de domination pour les combattre. Donc, on peut également se retrouver dans des relations qui produisent une forme de mise en marche du désir. Car quand on lutte, on est dans l'action. Mais on est aussi dans le conflit. Même lorsque l'on se soumet dans un premier temps, on se retourne, et la lutte devient un va et vient permanent de recherche de la maîtrise.

Quand on est structurée dès le départ dans un assujettissement total, on cherche, ou on peut chercher une délivrance en entrant dans des relations où l'on est au départ assujettie, parce que cela nourrit notre désir, et notre jouissance. On résiste pour jouir. Il y a ce nœud, ce point de tension qui parce que l'on est tenue, nous permet de résister, et dans cette résistance nous jouissons. Nous nous y autorisons parce que nous résistons. Mais pour résister, il faut être attachée. Attachée symboliquement (combien fantasme d'être attachée pour jouir ?), au moins. Cette symbolique de l'attachement-résistance se transfère dans les affects. On s'attache à quelqu'un qui nous domine, nous assujetti parfois de manière extrême, mais on ne peut pas le quitter, parce que c'est ce qui nous permet de résister et de jouir. De jouir plus fort. Et c'est aussi une manière de chercher à se libérer. De sentir une restitution de soi, et une forme d'expression du désir dans l'action. 

Les hommes sont dans l'action, et nous, les femmes, ou certaines femmes, peut-être la plupart, peut-être certaines plus que d'autres, notre désir d'action au même titre que les hommes (ou que les garçons, puisque la construction se fait dans l'enfance) a été condamné, et inhibé. Nous le cherchons au travers de relations avec des hommes d'action. Et les plus forts nous paraissent les plus dominateurs, car nous n'avons pas cette force. Nous la cherchons dans la relation, mais ce désir inhibé ne peut que se glisser dans la relation comme une forme d'impensé qui cherche sa place. 

Ce serait donc l'inhibition du désir qui, parfois, nous conduit à nous soumettre, pour vivre indirectement notre désir, et qui fait que nous acceptons l'action .... qui reste. Et qui fait que nous ne sommes pas des sujets à part entière, mais des sujets dépendants, et subalternes.

Mais certaines femmes parviennent à dépasser cette dépendance. Y compris en passant par ce chemin. Et curieusement, il semble que ce ne soit possible qu'au travers de relations où il y a sexualité. 

Si les hommes dominent, ce n'est peut-être pas toujours parce qu'ils le veulent, mais parce que leur construction fait souvent d'eux des êtres plus forts que nous, les femmes. Mais c'est aussi cela la domination masculine. 

 

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23 janvier 2018 2 23 /01 /janvier /2018 20:32

Il y a un peu plus d' an, un homme m'a "volé un baiser". Mais je le désirais tellement... Et cela a été le meilleur baiser de ma vie .  
Alors est ce qu on peut dire, avec précision, ce qu est "un baiser volé" ?

Dois je culpabiliser d avoir reçu ce "baiser volé" et de l'avoir bien apprécié ? Celui qui me l'a donné est il un salaud ? Je crois qu'il ne faudrait pas mélanger "baiser volé", et 'baiser contraint", c est à dire contre son désir. Il y a je trouve plein de choses là, à creuser (autres que sa tombe).

Il y a je trouve plein de choses qui circulent dans le langage en ce moment, surtout depuis la dernière tribune dite, "des 100 femmes", et je pense qu'il y a plein d'interprétations différentes, et qu'on ne sait plus trop ce qu'on veut dire ou ce qu'on entend. Il y a des circonstances, des états etc...

Par exemple, le "baiser Hanouna" n'est pas un "baiser volé" pour moi, c'est une agression. Mais quelquefois la frontière est mince, et comme en tant que femmes, on n'est souvent pas habituées, pas éduquées à affirmer nos désirs, qu'ils sont plus ou moins inhibés, il y a une dimension passive, c'est vrai. Et on attend souvent que "l'on" vienne nous chercher à un moment donné. C'est une forme de code qui s'est installé, si bien qu'il y a aussi plein d'hommes qui pensent qu'il faut venir nous chercher, sans pour autant nous vouloir du mal. Parfois, "ça marche", d'autre fois pas du tout. Mais on n'est pas toujours en mesure non plus d'affirmer notre refus. Et ça dégénère. Donc la question est vraiment je crois, du côté de l'inhibition de notre désir.

Parallèlement à ça, quand on essaie de l'affirmer (de manière générale, pas forcément du côté sexuel, mais aussi dans le travail, dans les projets), on est freinées, soit par des systèmes hiérarchiques, soit parce que la tâche est trop lourde pour nous (parce que l'on n'a pas l'éducation initiale, la force, les ressources, ou/et trop de soucis, de pression et de travail, ), soit les deux. Mais tout cela pourrait changer et c'est bien.

Pour ce qui est de certaines femmes, certains ouvrages de Foucault sur le "soucis de soi" me font penser à la manière dont elles s'y prennent pour s'affirmer, sachant qu'elles ne le font pas dans le même monde que dans l'antiquité Grecque. Elles composent avec le monde tel qu'il existe, mais elle parviennent pour certaines, je crois, à user de ce style de pratique (du "soucis de soi"), et elles s'approprient leur sexualité, font vivre leur désir plus généralement, et elles parviennent à l'imposer à la société. C'est quand même intéressant... Et ce qui m'ennuie c'est qu'on n'y voit que du mal. On ne les voit que dans le prisme de la soumission et je trouve que ça cause du tort à beaucoup de femmes qui ne savent plus comment vivre leur sexualité (entre autre) parce que la seule chose que l'on voit est la soumission... et ça en deviendrait honteux d'avoir une vie sexuelle. Moi ça me met très mal à l'aise, j'ai l'impression d'être complètement bloquée parce que je ne crois pas du tout qu'un seul homme ne soit pas de toute manière plus ou moins dominateur puisque la domination est structurelle... En tout cas je la vois à peu près partout. Donc, qu'on essaie de faire en sorte de se libérer, oui, mais il y a différentes manières de le faire, et en ce moment on a une pression énorme parce qu'il faudrait d'emblée qu'on sache comment on doit faire... alors que la plupart du temps, il me semble en tout cas, on ne le sait pas... on "apprend sur le tas". Et j'ai un peu beaucoup l'impression que tout ce qu'on dit ou qu'on fait peut être interprété comme de "l'anti-féminisme", ou du "contre-féminisme", voir comme une tare. Faudrait qu'on sache quand, comment, et tout, pour s'embrasser, pour se toucher, comment faudrait s'habiller, ou pas s'habiller, comment faudrait "séduire" ou s'il le faut ou pas, comment faudrait baiser, parce que comme ci c'est de la soumission et comme ça pas... quelles pratiques sont bonnes, lesquelles sont à proscrire... etc etc.... c'est l'enfer ! On dirait la reproduction d'un schéma qui existe déjà, avec un autre discours tout aussi injonctionnel, parce que basé lui aussi sur la domination masculine.  D'un côté on est invitées à se plier, de l'autre, il faut se raidir et tirer (mais pas son coup, parce qu'on entre toujours dans un rapport de soumission contre lequel il faut se battre). Franchement c'est pas simple ... 

Bref, on est complètement tordues, tiraillées, culpabilisées (c'est en tout cas comme cela que je me perçois) entre les discours intermédiaires (je ne parle pas de l'égalité des droits et des chances pratiques, légaux) et les pratiques de soi.

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8 novembre 2017 3 08 /11 /novembre /2017 16:02

Cela fait un drôle d'effet de relire ces posts après ces quelques années.... et cela va m'être intéressant de "confronter" ou de comparer ma pensée d'aujourd'hui à celle d'hier. Que dirais-je aujourd'hui, avec mes nouvelles ressources, à la femme que j'étais hier ?  J'ai un peu le sentiment qu'à chaque fois qu'on écrit, c'est un brouillon. Car le désir de reprendre ce que l'on a écrit un jour est je crois toujours vivace quand on le relit quelques jours, mois, années après (et plus le temps passe, pire c'est !). 

 

 

 

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