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23 janvier 2018 2 23 /01 /janvier /2018 20:32

Il y a un peu plus d' an, un homme m'a "volé un baiser". Mais je le désirais tellement... Et cela a été le meilleur baiser de ma vie .  
Alors est ce qu on peut dire, avec précision, ce qu est "un baiser volé" ?

Dois je culpabiliser d avoir reçu ce "baiser volé" et de l'avoir bien apprécié ? Celui qui me l'a donné est il un salaud ? Je crois qu'il ne faudrait pas mélanger "baiser volé", et 'baiser contraint", c est à dire contre son désir. Il y a je trouve plein de choses là, à creuser (autres que sa tombe).

Il y a je trouve plein de choses qui circulent dans le langage en ce moment, surtout depuis la dernière tribune dite, "des 100 femmes", et je pense qu'il y a plein d'interprétations différentes, et qu'on ne sait plus trop ce qu'on veut dire ou ce qu'on entend. Il y a des circonstances, des états etc...

Par exemple, le "baiser Hanouna" n'est pas un "baiser volé" pour moi, c'est une agression. Mais quelquefois la frontière est mince, et comme en tant que femmes, on n'est souvent pas habituées, pas éduquées à affirmer nos désirs, qu'ils sont plus ou moins inhibés, il y a une dimension passive, c'est vrai. Et on attend souvent que "l'on" vienne nous chercher à un moment donné. C'est une forme de code qui s'est installé, si bien qu'il y a aussi plein d'hommes qui pensent qu'il faut venir nous chercher, sans pour autant nous vouloir du mal. Parfois, "ça marche", d'autre fois pas du tout. Mais on n'est pas toujours en mesure non plus d'affirmer notre refus. Et ça dégénère. Donc la question est vraiment je crois, du côté de l'inhibition de notre désir.

Parallèlement à ça, quand on essaie de l'affirmer (de manière générale, pas forcément du côté sexuel, mais aussi dans le travail, dans les projets), on est freinées, soit par des systèmes hiérarchiques, soit parce que la tâche est trop lourde pour nous (parce que l'on n'a pas l'éducation initiale, la force, les ressources, ou/et trop de soucis, de pression et de travail, ), soit les deux. Mais tout cela pourrait changer et c'est bien.

Pour ce qui est de certaines femmes, certains ouvrages de Foucault sur le "soucis de soi" me font penser à la manière dont elles s'y prennent pour s'affirmer, sachant qu'elles ne le font pas dans le même monde que dans l'antiquité Grecque. Elles composent avec le monde tel qu'il existe, mais elle parviennent pour certaines, je crois, à user de ce style de pratique (du "soucis de soi"), et elles s'approprient leur sexualité, font vivre leur désir plus généralement, et elles parviennent à l'imposer à la société. C'est quand même intéressant... Et ce qui m'ennuie c'est qu'on n'y voit que du mal. On ne les voit que dans le prisme de la soumission et je trouve que ça cause du tort à beaucoup de femmes qui ne savent plus comment vivre leur sexualité (entre autre) parce que la seule chose que l'on voit est la soumission... et ça en deviendrait honteux d'avoir une vie sexuelle. Moi ça me met très mal à l'aise, j'ai l'impression d'être complètement bloquée parce que je ne crois pas du tout qu'un seul homme ne soit pas de toute manière plus ou moins dominateur puisque la domination est structurelle... En tout cas je la vois à peu près partout. Donc, qu'on essaie de faire en sorte de se libérer, oui, mais il y a différentes manières de le faire, et en ce moment on a une pression énorme parce qu'il faudrait d'emblée qu'on sache comment on doit faire... alors que la plupart du temps, il me semble en tout cas, on ne le sait pas... on "apprend sur le tas". Et j'ai un peu beaucoup l'impression que tout ce qu'on dit ou qu'on fait peut être interprété comme de "l'anti-féminisme", ou du "contre-féminisme", voir comme une tare. Faudrait qu'on sache quand, comment, et tout, pour s'embrasser, pour se toucher, comment faudrait s'habiller, ou pas s'habiller, comment faudrait "séduire" ou s'il le faut ou pas, comment faudrait baiser, parce que comme ci c'est de la soumission et comme ça pas... quelles pratiques sont bonnes, lesquelles sont à proscrire... etc etc.... c'est l'enfer ! On dirait la reproduction d'un schéma qui existe déjà, avec un autre discours tout aussi injonctionnel, parce que basé lui aussi sur la domination masculine.  D'un côté on est invitées à se plier, de l'autre, il faut se raidir et tirer (mais pas son coup, parce qu'on entre toujours dans un rapport de soumission contre lequel il faut se battre). Franchement c'est pas simple ... 

Bref, on est complètement tordues, tiraillées, culpabilisées (c'est en tout cas comme cela que je me perçois) entre les discours intermédiaires (je ne parle pas de l'égalité des droits et des chances pratiques, légaux) et les pratiques de soi.

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