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18 février 2018 7 18 /02 /février /2018 02:06

Lundi je reprends le travail si tout va bien. J'essaie de me "détendre", entre deux coups de stress. Je suis en arrêt depuis mercredi matin, à cause du stress. Quelques jours pour reprendre des forces. Ma direction m'attends au virage parce que j'ai parlé.

Comme toujours, quand on parle, la grosse mécanique du pouvoir des dominants se met En Marche. Elle nous retourne le cerveau (du moins, elle fait tout pour). Elle y va de ses confrontations, de ses pressions, avec tout un système qui en assure la pérennité.

Quand on met un grain de sable dans une machine qui roule, une grosse machine qui en écrase beaucoup, et avec laquelle beaucoup d'autres font, il faut comprendre, (ou s'y attendre)) qu'il n'y a pas assez de grains sables pour faire tomber cette montagne qui nous écrase. Lutter, garder sa raison intacte, c'est se préparer à être jugée de mauvaise foi. C'est se préparer à être disqualifiée trois fois. Une fois dans les faits, une fois dans sa raison - la non repentance est signe de déraison - une fois dans son intelligence - confondue avec la mesquinerie. Tandis qu'admettre être fragile psychologiquement, trop émotionnelle, pas assez professionnelle, pas assez raisonnée, serait un gage d’honnêteté. Croire en l'intelligence supérieure de ceux qui ont le pouvoir de nous laminer et ne se gênent pas pour le faire est un gage de bonne foi. Ce serait toujours ça, et c'est ce qui fait tenir la montagne.

Telle est la loi du travail. Telle est la loi de tout système de domination. Les dominants le savent.

Hier soir, j'ai regardé Festen. Voyez la première partie, jusqu'à la 41ème minute, déjà. Rien que là on comprend ce qui se passe. Puis, voyez la suite. .

J'y revois exactement la manière dont on nous fait taire dans toutes les organisations (familiales, matrimoniales, professionnelles), la manière dont la pression nous pousse (out tente de nous pousser) à accepter de nous disqualifier nous même.

Jusque là, j'avais capté ce mécanisme identique qui nous fait taire et admettre les violences professionnelles et conjugales. Maintenant, je vois le même mécanisme dans les violences familiales, sexuelles. C'est saisissant.

Il y a ce moment où l'on vous fout la pression. Il y a ces moments où tout le monde sait mais fait comme si il ne s'était rien passé. Il y a ces moments où l'on vous fait comprendre que vous êtes folle (ou vous faites un "transfert" = mot magique ! D'autant plus si l'on connait des éléments de votre passé ou de votre vie, et que vous avez des moment difficiles, quelque ils soient). Moi, le "transfert", j'appelle ça une intuition comparative. Puis, quand on a bien analysé les choses, j'appelle ça une analyse comparative. Il y a aussi ces moments où on vous dit que vous "interprétez" = mot magique 2, ces moments où on vous fout dehors, ces moments où tout le monde ou presque est d'accord sur votre profonde maladie mentale... tous ces moments où l'on vous demande de vous taire, et si ce n'est pas le cas, où l'on tente par tous les moyens de vous faire disparaître. Alors qu'on a simplement besoin d'être entendu.e.s, cru.e.s. Que notre raison soit libérée de tout ces discours, pressions, attitudes, qui tentent de la réduire à une condition d'animal.e.

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12 février 2018 1 12 /02 /février /2018 11:13

Il est temps de prendre suffisamment d assurance et de refuser la violence professionnelle au même titre que la violence conjugale et la violence sexiste. Dans un cas comme dans les autres, ce n est pas parce que "dans l ensemble", un comportement n est pas violent et qu il a même des moments agréables que les passages violents sont justifiables. Ce n est pas parce que la violence, les pressions, les remarques gratuites, arbitraires sont des faits "passagers", qu il faut les minimiser et les accepter. 

Violences conjugales, violences sexistes, violences professionnelles

Associer ces deux domaines : violence conjugale et violence professionnelle n est pas ce qui nous vient á l esprit tant l on dissocie le domaine privé du domaine professionnel. Pourtant, on se rend bien compte que la violence dans le domaine privé n est pas si privée que ça ! Elle est d abord une question d éducation et de longue date. Une éducation á la psychologisation des questions sociales et de pouvoir, une éducation á la minimisation, relativisation de la violence, une éducation á son acceptation.Comment ne pas de ce fait l accepter des années ? Ce qui ensuite nous est reproché et ce qui en ajoute á la minimisation des faits de violences !! Ne rien dire constituerait une preuve de la relativité des faits et parler, alerter, serait un crime plus que les faits de violence !! Eh bien non. Le fait de la non violence en général ne justifie pas la violence de temps en temps, et certainement pas qu on l accepte et la laisse s installer comme des faits minimes sur lesquels il n'y aurait pas lieu de s'arrêter. Il faut sonner l'alerte.

 

Sonner l'alerte, une expérience 

Qu'apprend-on lorsque nous décidons d'alerter d'une situation de harcèlement moral dans le travail ?

On apprend d'abord qu'il y a certaines représentations sur ce qu'est le harcèlement. Par exemple, la semaine dernière, une personne de la commission bientraitance me contacte suite à ce que je peux définir comme ma pré-alerte. Après énumération d'un certain nombre de faits, situationnels, organisationnels, managériaux, et de remarques gratuites, d'accusations gratuites, etc... elle me propose de requalifier les propos en "maltraitance professionnelle", avec comme "argument" que le harcèlement moral "c'est quelqu'un qui est toujours sur votre dos".

On apprend ensuite que le temps, l'étalement des faits, pressions etc n'est pas compris comme ce qui fait qu'au final, il s'agit de harcèlement moral.

On apprend que prononcer le mot est davantage un crime que le fait.

On apprend que si on le prononce, c'est la panique, d'autant plus lorsqu'il concerne un membre du personnel auquel on est subordonné.

On apprend qu'on le sait, et qu'il va falloir se défendre de l'alerte donnée alors même que l'on tente de stopper les attitudes et faits qui ont constitués l'alerte , mais aussi que comme dans les violences conjugales et autres violences, on se verra "psychologisée", parce qu'on est une femme. Car il y a beaucoup moins de "chance" que l'on dise à un homme qu'il "interprète", ni que l'on minimise les faits, bref qu'on le réduise au silence. Tous les faits criminels et délictueux lorsqu’ils sont commis SUR des hommes paraissent plus crédibles et font l'objet d'une inquiétude immédiate lorsqu'ils en parlent, tandis que les mêmes commis SUR des femmes sont l'objet du doute.

Bref, on apprend tous les mécanismes qui nous font taire, ce qui par la suite, lorsque l'on parle, nous est reproché, et constitue par la même occasion un nouveau moyen de minimiser les faits.

Pourtant, si les commissions bientraitance ont vue le jour, c'est parce que dans la plus grande majorité des cas de violence institutionnelle, les personnes n'ont souvent pas conscience de leur violence, parfois, parce qu'elles mêmes sont prises dans des situations et organisations qui les produisent et contre lesquelles elles estiment n'avoir aucun pouvoir. De ce fait elles se taisent et normalisent la violence dans leurs pratiques, et intègrent les mêmes discours qui les autorisent, tout en étant, en tant que personnel plus ou moins subalterne, contrôlées dans leurs pratiques, ou invitées à être bientraitantes. 


Enfin, on apprend que dans sa plus grande majorité, nous sommes éduqué.é.s de cette manière, et que la plus grande majorité se rangera dans cet ordre mécanique, du côté d'une oppression qui serait acceptable, car minimisée, et que si l'on alerte on devient coupable, et/ou plus ou moins folle, paranoïaque, caractérielle, hystérique, trop émotive.. Et pour peu que l'on ai déjà vécu des faits de violence dans le domaine privé, on ferait "un transfert". On parvient à nous le faire croire, à nous faire douter de nous-même,à nous faire douter de notre raison, et comparer des faits de violence du domaine privé et du domaine professionnel reviendrait non pas à comparer des faits éducatifs et des mécanismes mais à associer privé et professionnel, posé comme "transfert". Pour peu que l 'on ajoute à cela, dans nos propos, une dimension féministe, cela deviendrait en plus une interprétation idéologique, un règlement de compte avec les hommes.

La force de la libération de la parole


Mais si demain toutes les violences morales subies dans le travail sont énoncées par toutes celles qui les vivent, si il y a comme pour ce qui concerne le sexisme, le harcèlement sexuel, les atteintes au corps dans les rues et les transports, une déferlante d'énonciation de faits, qu'ils soient verbaux ou écrits, peut-être que l'on va nous entendre ? En tout cas il ne sera plus possible de nier que la violence morale est un fait et même un fléau. Alors peut-être qu'il deviendra avec cette prise de conscience moins normal de le commettre ou d'y participer, ni de participer à son étouffement. Et peut-être que cette prise de conscience même sera préventive.

 

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